Pendant la nuit, une communauté de vie marine de haute mer qui les heures de la journée à des profondeurs allant jusqu’à des centaines de mètres, commence maintenant à migrer vers la surface et les côtes. Comme cette nourriture abondante est maintenant accessible, les dauphins à long bec commencent à chasser. De petits sous-groupes se dispersent sur la mer. À l’aide de l’écholocation, les dauphins scannent l’obscurité et utilisent leurs sifflets pour garder un contact avec les membres du groupe. Pour les dauphins, le groupe est une protection collective qui protège chaque individu des dangers.
Les dauphins et les baleines attirent chaque année les touristes en Egypte, mais, malgré leur popularité, ils sont encore mal connus d’un point de vue scientifique. Huit espèces sont considérées comme régulières : le grand dauphin (Tursiops truncatus), le grand dauphin tursiops (Tursiops aduncus), le dauphin à long bec (Stenella longirostris), le dauphin tacheté pantropical (Stenella attenuata), le dauphin commun à long bec (Dephinus capensis), le dauphin de Risso (Grampus griseus), le dauphin à bosse du Pacifique (Sousa chinensis) et le rorqual de Bride (Balaenoptera edeni). Huit autres espèces sont considérées comme rares (Notarbartolo et.al.2007).
Au cours des deux dernières décennies, les ressources vivantes de la mer Rouge ont souffert d’une multitude d’impacts humains, comme l’utilisation irrationnelle des terres, le développement côtier intensif, la surpêche, la pollution et le commerce des ‘curio’, comme les coquillages. De plus, la mer Rouge est potentiellement très menacée par les impacts du changement climatique. L’effet des activités humaines sur les ressources marines ne peut être suffisamment prédit en raison principalement de l’absence de recherche scientifique. Malgré la reconnaissance de la valeur des trésors naturels de la mer Rouge d’un point de vue écologique et économique, la recherche des connaissances nécessaires pour conserver et gérer durablement ces ressources a été lente.
La mer Rouge égyptienne au sud de Marsa Alam, où le tourisme en est encore à ses débuts, semble représenter un rare exemple de nature sauvage marine intacte. Les résultats d’anciennes recherches soulignent que cette zone marine, en grande partie intacte, abrite des récifs coralliens extraordinairement beaux, des dauphins, des dugongs, des tortues, des requins, des raies manta et d’autres créatures, collectivement connu sous le nom de marine "mégafaune e".
D’après ce que l’on sait des programmes de développement, il est fort probable que la côte sud de l’Égypte fera l’objet d’un développement touristique "traditionnel" dans un avenir proche ou moyen, répondant au tourisme de masse similaire à celui de Hurghada et de Sharm-el-Sheikh, ce qui conduirait vraisemblablement au déclin et peut-être à la disparition de ces biotopes spécifiques ainsi que de la flore et de la faune associées.
Le tourisme dans la région de Marsa Alam et de la mer Rouge méridionale se développe rapidement, avec un grand nombre de nouveaux hôtels et resorts en cours de construction le long de la côte. A Marsa Alam, l’attraction principale pour les touristes est l’environnement marin tropical, avec ses récifs coralliens impressionnants et la faune marine associée. Cependant, les sites d’observation des dauphins ne sont pas très nombreux le long de cette portion de côte, et Sataya est l’un des plus attrayants.
Les dauphins à long bec ont choisi cette baie en raison de son fond sablonneux — grâce auquel ils peuvent détecter visuellement l’approche d’un prédateur. Un endroit idéal pour se reposer pendant la journée.
Les dauphins à long bec sont très sociaux et ils interagissent souvent avec les membres de leur groupe. Ils interagissent également avec d’autres espèces de dauphins. Ils utilisent souvent l’écholocation et ils sont aussi connus pour se toucher les uns les autres, plus fréquemment que les autres espèces de dauphins. Dans leur groupe, ils créent des liens très intenses. Nous les avons vus sauter, jouer, s’accoupler et tourner.
L’identification photographique des individus et les analyses de marque et de recapture sont utilisées pour contrôler la structure de la population et la dynamique des groupes. Les photographies prennent presque exclusivement la nageoire dorsale et les zones proches. La forme de l’aileron dorsal, les encoches (principalement le long du bord de fuite de la nageoire dorsale), ainsi que des rayures et des cicatrices sur les nageoires et le corps sont utilisés pour identifier et cataloguer les individus. Les cicatrices peuvent être causées par une diversité de sources, y compris d’autres dauphins à long bec.
L’identification photographique des individus et les analyses de marques et de recaptures sont utilisées pour contrôler la structure de la population et la dynamique des groupes
Les études sur base de photographies donnent un aperçu de l’utilisation de l’habitat, des mouvements et de l’historique de vie de chaque cétacé. Certaines espèces de cétacés ont des marques naturelles sur leur corps, leur queue ou leur nageoire dorsale. Les enregistrements photographiques de ces cicatrices, entailles, encoches ou motifs de couleur peuvent être utilisés pour identifier chaque individu. Les photographies de cétacés rencontrés lors des relevés d’observation sont archivées et associées à d’autres données d’observation, par exemple, l’emplacement de l’observation, la taille et la structure du groupe et le comportement. Chaque cétacé peut être suivi dans le temps et dans l’espaceuniquement sur base de ses photos d’identification.
Les femelles sont matures pour l’accouplement entre 4 et 7 ans. Pour les mâles, la maturité sexuelle est plus tardive, en moyenne entre 7 et 10 ans. De nombreux éléments de parade ont été observés et documentés. Les cétacés sont très ludiques et très tactiles lors de l’accouplement. Les périodes d’accouplement varient selon les régions.
Dans chaque région, il y a plusieurs périodes d’accouplement, mais la reproduction n’a lieu que lorsque le niveau d’hormones augmente.
Après un accouplement réussi, la période de gestation est d’environ 10 mois avant la naissance du jeune veau. Ils naissent queue la première et les femelles du clan sont très protectrices envers les nouveaux-nés et leurs mères. Ils s’alimentent du lait maternel durant environ 2 ans. Après 4 à 6 mois ils reçoivent aussi des aliments solides. Les femelles ont tendance à ne s’accoupler qu’une fois tous les 3 ans. Les jeunes peuvent rester dans le clan toute leur vie, et le lien avec la mère reste fort. Ils peuvent vivre en moyenne 20 ans à l’état sauvage.
Le dauphin à long bec est classé « en voie de disparition ». Leur principal problème est la pollution de leur habitat, les mers et océans. La pollution peut endommager leur peau et s’ils consomment du plastique ou des produits chimiques, cela peut causer des dommages internes. L’utilisation de filets de pêche commerciale dans certaines régions cause des blessures ou tue ces dauphins. A Sataya et plus généralement en Mer Rouge, je pense que le plus grand risque pour les dauphins est le tourisme. Les nageurs et les bateaux, qui visitent leur aire de repos, se comportent souvent comme des barbares. Les efforts pour une activité touristique plus raisonnée peuvent toutefois être utiles. Les études « Dolphin » aideront également à réduire le risque qu’ils soient blessés de cette activité.
Les dauphins à long bec semblent être très affectés par les sources de stress dans leur environnement. Les bruits des bateaux, du forage en mer, de l’exploitation minière et de l’hydroélectricité peuvent tous les empêcher de bien manger, de s’accoupler, et cela peut nuire à leur audition. Leurs habitudes de sommeil peuvent être endommagées en raison des bruits. Des efforts importants, comme restreindre les zones de ces activités, continuent à être mis en œuvre. Pourtant, il est difficile d’équilibrer les progrès technologiques et les besoins des dauphins de manière efficace et harmonieuse. Cependant, sans protection, le nombre de dauphins à long bec continuera de baisser. Écrit par/ Ahmed Fouad
Traduction par/ Myriam SLUSE - Les couleurs de l'océan
Pictures: © Ahmed Fouad - HEPCA2013
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