"A quelle profondeur avez-vous plongé?". C’est une question délicate, posées par beaucoup de mes stagiaires, une question à laquelle je n’aime pas répondre car je crains que mes élèves rêvent d’atteindre ma profondeur maximale, ou pire, essayent de la battre. Une question plus appropriée serait la suivante : « A quelle profondeur peut-on plonger? » Malheureusement, la réponse n’est pas simple - elle dépend d’une variété de facteurs tels que le mélange gazeux, le niveau d’expérience, et la tolérance personnelle aux pressions partielles élevées des gaz inertes et de l’oxygène.
Tous les plongeurs ont une idée différente sur la limite à laquelle une plongée est considérée comme une plongée profonde. Pour mettre les choses en perspective, un plongeur débutant (Open Water) est certifié pour plonger à maximun 18 mètres et avec un second niveau (Advanced Open Water), un plongeur est certifié pour plonger jusqu’à 30 mètres. Dans le cours Advanced Open water, un stagiaire devra réaliser une plongée profonde à 30 mètres, aussi pour un plongeur Advanced Open Water toute profondeur supérieure à 18 mètres pourrait être considérée comme profonde. En plongée récréative, la profondeur de 40 mètres est considérée comme la limite ; c’est également la profondeur de référence à laquelle un plongeur certifié ‘Deep diving’ est entrainé pour descendre. Habituellement, on considère qu’une plongée est profonde entre 30 mètres et 40 mètres.
Photo courtesy of PADI©
La principale raison pour laquelle nous, plongeurs plongeons profondément, est de voir des choses qui ne se trouvent pas dans les eaux peu profondes. Il est assez fréquent de trouver des épaves bien conservées dans les eaux plus profondes, la plus grande profondeur préserve de l’exposition aux tensions de surface. Vous constaterez également qu’une vie marine différente existe à différentes profondeurs. Dans les récifs tropicaux, il est fréquent de trouver des coraux plus sains à plus grandes profondeurs en raison d’une moindre exposition au soleil et aux plongeurs. Beaucoup de poissons et d’autres créatures marines préfèrent également de plus grandes profondeurs. Bien sûr, la plongée profonde a aussi ses inconvénients, la visibilité se réduit et les couleurs ternissent en raison de la réduction de la lumière soleil.
Comme pour la plupart des sortes de plongée récréative, la plongée profonde est sans danger aussi longtemps que les règles appropriées sont respectées. Les principaux risques en plongée profonde sont les risques accrus d’accidents de décompression, l’accroissement des besoins en air et l’augmentation des risques de narcose à l’azote. L’augmentation de la pression à plus grandes profondeurs augmentent les risques de d’accidents de décompression. Ce risque peut-être réduit en planifiant correctement la plongée à l’aide de tables de plongée ou d’un ordinateur de plongée et en respectant une vitesse de remontée lentement ainsi que les paliers de sécurité ou de décompression qui s’imposent.
La limite absolue pour la plongée récréative est de 40m, pour évoluer à des profondeurs supérieures, on entre dans le domaine de la plongée technique!
En raison de l’augmentation de la consommation d’air à plus grandes profondeurs, il est important de vérifier fréquemment son manomètre afin de conserver une plus grande réserve d’air pour la fin de la plongée. Il est également recommandé d’utiliser une source d’air de réserve au cas où votre réserve d’air serait trop faible. Pour ce faire, il est possible d’emporter une mini bouteille d’air appelée une ’pony’ bouteille ou d’accrocher une bouteille de réserve sous le bateau. Cette bouteille de réserve, munie de son propre détendeur sera accrochée à une profondeur de 5 mètres, sous le bateau. La profondeur de 5 mètres permet un accès facile lors du palier de sécurité.
Le troisième risque en plongée profonde est la narcose à l’azote (ou ivresse des profondeurs). L’air que nous respirons est constitué de 79% d’azote, un gaz inerte qui n’a aucun effet sur notre corps à la pression normale de surface. Toutefois, à mesure que nous descendons sous la surface, l’augmentation de la pression augmente la pression partielle de l’azote, ce qui a le même effet que de respirer de plus grandes concentrations d’azote. Cette augmentation de l’azote affecte les synapses de notre cerveau et apporte un sentiment très similaire à l’ivresse.
La réaction à l’azote varie d’une personne à l’autre, débute à différentes profondeurs, mais commence à affecter la plupart des plongeurs à environ 15 mètres. Les premiers signes sont des picotements des doigts, suivis d’une pensée ralentie, des étourdissements, de la désorientation ou une prise de décision altérée. La plupart des plongeurs disent ressentir les effets de la narcose à des profondeurs supérieures à 30 mètres. Plus vous augmentez la profondeur, plus les effets sont importants. La narcose à l’azote ne présente aucun risque pour la santé à long terme et tous les symptômes diminuent dès la remontée vers la surface. Il est recommandé que les binômes se surveillent les uns les autres pour contrôler les symptômes de la narcose et remontent vers la surface pour éviter les narcoses graves.
Le cours‘Advanced Open Water’ inclus une plongée profonde à 30 mètres. Ensuite, les plongeurs peuvent accéder au cours de plongée profonde. Ce cours spécialisé est composé de quatre plongées entre 18 mètres et 40 mètres. Le cours comprend une formation théorie, sur la planification de plongées profondes et la narcose à l’azote, ainsi qu’une formation pratique sur l’utilisation d’une ‘pony’ bouteilles et/ou d’une bouteille de réserve et la réalisation de paliers profonds. En principe, vous expérimentez et testez, avec votre moniteur, les effets de la narcose et vous avez de bonnes chances de les ressentir durant le cours. Après la certification, les plongeurs seront formés pour plonger à 40 mètres. Des profondeurs supérieures à celle-ci restent du domaine de la plongée technique.
Écrit par/ Ahmed Fouad
Traduction par/ Myriam SLUSE - Les couleurs de l'océan
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